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[1, 2, 3 ou 4 accords] Épisode 0 : Les notes et la tonalité

Avant de commencer cette série d’articles sur les accords, il faut déjà définir ce qu’est un accord.

Dans cet article, je vous propose de découvrir (ou réviser) certaines notions sur les notes, la tonalité et les accords.

Si vous êtes musicien, maîtriser ces notions de base est à mon sens un prérequis indispensable pour comprendre votre instrument, pour mieux appréhender les partitions et pour pouvoir commencer à composer.

Si vous n’êtes pas musicien, cela pourra néanmoins enrichir votre culture musicale.

Pour faire des accords, il faut déjà avoir des notes : la tonalité

Dans notre système occidental, nous utilisons 12 notes différentes. Si l’on regarde les touches du piano, ce n’est pas forcément intuitif mais il est important de comprendre que deux notes (ou touches) consécutives (qu’elles soient blanches ou noires) ont toujours le même intervalle entre-elles. Cela veut dire que passer d’un Do à un Do# revient exactement au même que de passer d’un Mi à un Fa par exemple. C’est ce que l’on appelle le tempérament égal.

Sur la base de ces 12 notes, on peut construire la tonalité, qui est le langage musical le plus utilisé dans nos musiques occidentales depuis la fin du XVIe siècle.

Une tonalité est une gamme constituée d’une tonique, qui est la note de référence, et de 6 autres notes, caractérisées par la suite des intervalles qui les séparent. On distingue ensuite les modes majeur et mineur, qui ont chacun une suite d’intervalles différente.

Par exemple, les touches blanches du piano constituent la tonalité de Do majeur si l’on considère le Do comme la tonique (Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si et Do).

Mais les touches blanches constituent également la tonalité de La mineur si l’on désigne le La comme tonique (La, Si, Do, Ré, Mi, Fa, Sol et La).

On parle alors de tonalités relatives. Elles ont les mêmes notes, mais pas le même point de départ. Elles n’ont donc pas le même ressenti, car les intervalles entre les notes ne sont pas dans le même ordre.

En effet, en Do majeur, la troisième note, le Mi, est séparée du Do par 3 notes (Do#, Ré et Ré#), ce que l’on appelle une tierce majeure (d’où la tonalité de Do majeur). En La mineur, la troisième note, le Do, est quant à elle séparée du La par 2 notes (La# et Si), ce qui constitue une tierce mineure (d’où la tonalité de La mineur).

Que se passe-t-il si l'on choisit une autre tonique que Do ou La ?

Toujours avec notre exemple des touches blanches du piano, on pourrait également considérer comme tonique les autres notes, par exemple le Ré. Mais on sortirait alors de la tonalité pour entrer dans la musique modale (on parle de mode dorien pour cet exemple). Ce fonctionnement est un peu moins fréquent dans notre musique populaire, bien qu’il permette d’apporter de nouvelles palettes sonores très intéressantes.

Et les touches noires du piano, elles servent à quoi ?

Je parlais des touches blanches du piano pour faciliter la compréhension, mais l’on peut bien entendu partir de n’importe quelle note, du moment que l’on conserve les intervalles entre les notes qui constituent la tonalité. Les touches blanches en sont simplement l’exemple le plus simple et le plus connu.

Par exemple, si l’on revient à notre exemple de la tonique en Ré, pour constituer la tonalité de Ré majeur, il faut non pas utiliser les touches blanches (cf. ci-dessus), mais reprendre les intervalles que l’on a vus avec la tonalité de Do majeur. Et dans ce cas des touches noires interviennent.

De plus, la tonalité n’est qu’une référence, qui n’interdit pas d’utiliser dans un morceau des notes qui n’en font pas partie (altérations).

Avec ces notes, que peut-on faire ? Et qu'est-ce qu'un accord ?

Les notes de la tonalité permettent de créer des mélodies et des accords.

Un accord est un ensemble d’au moins 3 notes différentes jouées simultanément ou à la suite (arpège). Ces notes peuvent être jouées par un instrument unique (piano, guitare, …), ou par plusieurs instruments, chacun produisant une seule note (ensemble de violons, de cuivres, …).

Pour les accords de base, les notes sont espacées les unes des autres d’un intervalle de tierce : une note sur deux de la tonalité. Par exemple l’accord de Do (majeur) est constitué de Do, Mi et Sol.

On peut continuer ainsi et construire tous les accords de la tonalité de Do majeur (harmonisation).

Quand on regarde les accords qui sont ainsi créés, on constate qu’ils sont tous constitués à la fois d’une tierce majeure et d’une tierce mineure, soit dans cet ordre (pour les accords majeurs), soit dans l’ordre inverse (accords mineurs). Cela a pour conséquence que la seconde note de l’accord n’a pas toujours le même intervalle avec la première, mais en revanche la troisième note retombe toujours sur un intervalle de quinte avec la première. Or la quinte est l’intervalle le plus important de la tonalité, et le plus stable. Donc tout est parfait…

Sauf que le dernier accord vient contredire cela. Dans notre exemple, entre le Si et le Ré on a une tierce mineure (accord mineur donc), mais entre le Ré et le Fa on a également une tierce mineure, ce qui fait que le Si et la Fa sont séparés non pas d’une quinte, mais d’une quinte diminuée, l’intervalle le plus dissonant, Diabolus In Musica.

Cet intervalle du diable (et en particulier l’accord diminué) est en général évité dans les chansons populaires actuelles, bien qu’il soit également une composante importante, voire essentielle, de certains genres comme le jazz, le blues (la fameuse blue note), ou encore le hard-rock, le métal, … Ce serait même la recette secrète des chansons de Noël les plus populaires ! Comme toujours en musique, tout dépend du contexte.

Au final, on a donc 7 accords (de base), un pour chacune des 7 notes. Ces 7 accords ainsi constitués sont forcément harmonieux entre eux (ils s’enchaînent sans problème) et également en harmonie avec une mélodie constituée des notes de la tonalité. Comme vu ci-dessus, on évitera néanmoins souvent l’accord diminué (sauf pour certains genres), réduisant à 6 le nombre d’accords d’une tonalité.

Pour entendre les différences entre les trois types d’accords ainsi constitués (majeur, mineur et diminué), écoutez cet exemple. Ici, la tonique est toujours le Do, et chaque type d’accord est joué 2 fois de suite. On remarque que la couleur de l’accord est de plus en plus sombre.

 

Nous avons vu ci-dessus l’harmonisation d’une tonalité, mais on peut bien entendu également introduire des notes ou des accords hors de la tonalité. Mais alors l’harmonie n’est plus aussi évidente à créer, même si cet effet est souvent volontairement recherché pour rendre les morceaux plus riches.

De quand datent les accords ?

Jusqu’à la Renaissance, les superpositions de plusieurs notes ne sont pas considérées comme des accords. On compose alors la musique avec la technique du contrepoint, c’est-à-dire plusieurs lignes mélodiques différentes superposées, sans qu’il n’y ait une mélodie principale.

Le maître de cette technique est Jean-Sébastien Bach, avec par exemple Les Variations Goldberg, constitué de 2 mélodies liées, sans accord.

Puis, petit à petit, les compositeurs s’intéressent de plus en plus aux superpositions de notes consonantes, ce qui amène progressivement aux accords.

A quoi servent les accords ?

Un accord permet de créer un contexte harmonique, qui est en général complété par une mélodie principale chantée ou jouée. La mélodie est le thème que l’on retient, mais elle trouve son sens dans le contexte harmonique de la suite d’accords qui l’accompagne.

La vidéo ci-dessous permet de comparer ce que donne une même mélodie dans plusieurs contextes harmoniques différents.

Notre musique populaire contemporaine est quasi exclusivement basée sur des suites d’accords, qui constituent la colonne vertébrale des morceaux. Pour un morceau donné, notre système tonal repose principalement sur un accord de base, celui de la tonique (qui définit la tonalité du morceau) et sur les tensions et résolutions que créent les autres accords par rapport à cet accord de base. En anglais, on utilise souvent le terme de « home chord » pour désigner cet accord de base du morceau. On comprend alors bien cette notion de la « maison », du point de départ de l’harmonie, et des autres accords, qui constituent un « voyage » avec des tensions plus ou moins importantes, qui appellent des résolutions.

 

Le prochain épisode répondra à la question de savoir s’il l’on peut faire une chanson avec un seul accord.

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